L'Ambitieux by Poivre-d'Arvor Patrick

L'Ambitieux by Poivre-d'Arvor Patrick

Auteur:Poivre-d'Arvor, Patrick [Poivre-d'Arvor, Patrick]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782246822967
Google: LqDODwAAQBAJ
Éditeur: Grasset
Publié: 2020-02-25T23:00:00+00:00


– XXXIV –

Cela commença par un coup de téléphone d’un de ses anciens collaborateurs à l’Élysée, un des rares qu’il estimait encore. Après son départ, Philippe était devenu chef de cabinet du président, héritant d’un travail moins ingrat qu’en apparence, agenda, déplacements, protocole, courrier, mais assez peu politique.

L’affaire devait être délicate car son interlocuteur insistait pour le voir « ne serait-ce que dix minutes » et ne voulait pas lui parler par téléphone. Comme il l’aimait bien, Charles lui proposa de passer au ministère entre deux rendez-vous. Il craignait qu’il ne s’agisse d’une énième sollicitation pour tel ou tel proche.

Il se trompait. Philippe avait l’air préoccupé. Comme il était en charge de la rédaction de réponses-types aux dizaines de lettres adressées quotidiennement au chef de l’État, il était tombé sur un courrier, menaçant mais signé, qui mettait en cause le ministre de la Culture, ou plutôt son grand-père, fraîchement blanchi de son indignité par la loi qu’avait voulue Charles.

— Fais-moi voir ça, demanda ce dernier, inquiet de la tournure que prenait le rendez-vous.

Il lut la lettre que lui tendait son ami. Elle était signée d’un nom qui lui disait quelque chose : Bergougnioux. Il comprit pourquoi à la lecture du courrier. L’expéditeur était le fils de l’un des frères violeurs d’Amina, celui qui avait réchappé à un accident de voiture à Alger. L’homme disait avoir recueilli la confession de son père peu avant sa mort. Il lui avait raconté cette lamentable équipée qui, toujours, lui pesa sur la conscience, tout en minimisant son rôle au moment du viol. Selon lui, le meneur, c’était son frère, et il l’avait entraîné un soir de beuverie, lui et les deux autres comparses.

Le fils Bergougnioux s’adressait ensuite directement au président Exbrayat parce qu’il se disait révolté par l’amnistie dont allait bénéficier Guillaume. Il savait qu’il était trop tard pour porter plainte car les faits étaient prescrits et son père n’avait pas osé le faire, par honte d’avoir tout à avouer. Mais il menaçait maintenant de dévoiler les assassinats qu’aurait commis, personnellement ou indirectement, le grand-père du ministre de la Culture.

Tout le passé maudit ressurgissait. Charles fut envahi de la même colère que lorsque son père lui avait fait cette terrible révélation sur les chemins de l’Aubrac. Mais puisque la politique l’avait habitué à tout calculer, à tout soupeser, il voulut jouer le fier :

— Qu’est-ce que ces allégations soixante-dix ans après ? Ce n’est quand même pas l’Affaire Dreyfus. Pas le début d’une preuve. De l’histoire ancienne, juste pour me nuire. Ça ne me fait ni chaud ni froid. Tu as l’intention de répondre à ce torchon ? Tu peux me donner la lettre ? Je vais m’en occuper personnellement.

— Pas de problème, de toute façon j’ai une photocopie.

Charles sursauta.

— Une photocopie ? Et pour quoi faire ?

Philippe se racla la gorge :

— C’est justement pourquoi je voulais absolument te voir. Ça me gêne de te dire ça mais c’est le président qui la veut.

— Victor lui-même ?

— Oui. Il y a six mois,



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.